lundi 28 septembre 2009

Vacances à la ferme

En mélangeant le sable gris avec des pétales de rose, on obtient des tartes au fruits, tandis qu’en mêlant de la terre brune avec des pistils de bleuet et de pissenlit, ce sont des religieuses. Sur le petit muret devant le moulin, il faut aligner les gâteaux, balayer avec un pinceau de marguerite tous les interstices, préparer un cadre de mousse pour l’étal, œuvrer sans relâche pour que chaque confiserie apparaisse pure, beurrée et luisante dans la vitrine de notre boulangerie. Ma cousine ne mêle pas assez vivement les fleurs à la poussière, et je rudoie mon incompétent mitron, les clients vont fuir ! Il faut inventer de nouvelles spécialités, décorer nos saint-honorés de brins d’herbe fraîche, nos vacherins d’une brindille plantée à cœur. Quand c’est une vraie mûre que nous plantons au sommet de l’édifice minéral, nous dévorerions presque les petits cristaux de quartz ocre. Les heures passent sans ennui à ouvrir et fermer boutique, à nous hypnotiser devant nos inventions, à faire les comptes de nos précieuses confiseries. Bonjour Madame la marchande, je voudrais deux gâteaux. Nous nous saisissons de nos pâtés de terre, et avec des précautions infinies, de celles dont nos mères nous croient incapables quand il est affaire de leurs trésors de grandes personnes, nous glissons sur la paume ouverte de nos clients rêvés des choux à la crème de pistache, une pincée de paille mouchetée de glands. Mais c’est toujours toi qui veut faire la marchande, se révolte ma cousine, boudeuse, lasse d’être le client moustachu que je lui ordonne encore d’incarner.

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